François Croci court depuis une dizaine d'année avec des départs pour l'étranger qui ont coupé régulièrement ses entraînements. Il vient de rejoindre la Bolivie pour une poignée d'années. Il se présente et nous raconte le début de son périple !
"Depuis fin 2008, avec ma femme nous avons vécu dans le Tarn à Castres puis à Albi jusqu'à avril 2013. Pendant cette période je me suis entraîné au TSA puis à Carmaux. Au niveau des résultats sportifs, je possède un record sur marathon de 2H50 à San Sebastian en 2011, sur 10km de 35'30 fin 2010. Après le marathon de San Sebastian, j'ai décidé de m'orienter vers le trail en participant au challenge des trails du Sud-Ouest où j'ai terminé 5ème au général en 2012. En 2013, je me suis lancé sur des distances plus longues comme le trail aux étoiles, le Lozère trail et le trail des Hospitaliers (abandon au 60ème kilo)... Puis en décembre 2013, pour des raisons professionnelles, ma femme, mes enfants et moi, nous avons dû partir pour la Bolivie où nous devrions rester plusieurs années et où je compte réaliser des courses sur route et des trails."
Dimanche 19 janvier a eu lieu le premier 10km de l'année en Bolivie, à La Paz, capitale du pays. Départ Plaza Murillo, à 3445m d'altitude, avec la présence en tribune officielle d'Evo Morales, le président del Estado Plurinacional de Bolivia. Cette course constitue la première des 10 courses del Presidente qui auront lieu tout au long de l'année en Bolivie. La Bolivie comportant 9 départements, il y aura donc une course dans chaque capitale des départements, soit 9 courses en plus de celle de ce dimanche, qui a été rajoutée cette année pour fêter la création del Estado Plurinacinal de Bolivia, datant du 22 janvier 2009. A l'issue de ces 10 courses de 10km, il y aura un classement général où les deux premières femmes et les deux premiers hommes seront invités par l'Etat bolivien à participer au fameux 15km de la San Silvestre de Sao Paulo (Brésil). Cette course, qui a lieu le 31 décembre de chaque année, est la plus importante d'Amérique du Sud avec la présence de coureurs africains et des meilleurs coureurs latinos qui ont l'occasion de se confronter à ce qu'ils appellent « la crème de la crème » en terme de coureurs : les africains et plus particulièrement les Kényans et les Éthiopiens. Revenons à ce 10km, première fois que je vais participer à une course en altitude, à plus de 3000m d'altitude. L'acclimatation s'est bien passée et cela fait maintenant deux semaines que j'ai recommencé à courir pour me préparer au marathon de La Paz qui aura lieu le 16 mars. Du coup, j'ai décidé de prendre cette course comme un entraînement. Objectif pour aujourd'hui : 50 minutes. Je participe à cette course avec un ami qui vit depuis quelques années à La Paz. Nous décidons donc de partir tranquillement, nous nous plaçons au milieu du peloton qui comprend un peu moins de 10.000 coureurs (sûrement parce que la course était gratuite) de tout âge (pas de limite d'âge) et de tout niveau. Le départ est donné par le président Evo Morales, lui-même, à 8h du matin. Nous sommes à 3445m d'altitude. Nous allons monter jusqu'à 3475m puis il y aura une petite descente, histoire de revenir à l'altitude de départ, avant de remonter de 15m d+. Nous arrivons au premier kilomètre. Ma montre affiche 5'23''. Il faut dire qu'il y a du monde et que les rues sont assez étroites. Il faut donc slalomer entre les coureurs, les trottoirs et les voitures stationnées. Un peu avant le deuxième kilo, je me retourne pour voir où est exactement mon ami, et je ne le vois pas. Je décide alors de garder mon rythme. Il y a déjà des coureurs qui s'arrêtent, qui marchent. Le peloton commence maintenant à s'étirer et il est plus facile de courir à son rythme. La première partie du parcours est assez facile car il y a beaucoup de descentes avec quelques petites montées qui font monter le rythme cardiaque très rapidement et qui calme directement certaines ardeurs, n'oublions que nous sommes à 3400m d'altitude environ. Bref, le profil de ce début de course me permettra de passer au quatrième kilo en 18'43'' puis au sixième en 27'35''. Mais, mais, voilà, au sixième kilo, ma montre affiche 3295m d'altitude et il reste 4 kilomètres avec 150m d+ à faire. Que de la montée. Les cuisses commencent à dire stop, les pulsations s'affolent. Je commence à être dans le rouge. Mais je me dis qu'il s'agit d'un entraînement et donc qu'il faut le prendre calmement. Mais c'est dur. Quand je pense que pour le marathon de La Paz, il faudra monter pendant 12 kilomètres jusqu'au péage d'El Alto (ville qui surplombe La Paz), situé à 3900m d'altitude, et que le départ sera donné à la Plaza España à 3400m, il faudra donc monter de 500m d+, ensuite il n'y aura que de la descente jusqu'à l'arrivée, située à 3000m d'altitude environ, soit environ 900m d-. Je me dis qu'il faut que je travaille les montées sérieusement et je prépare mes cuisses pour la descente. Revenons à la course, j'ai l'impression de courir au ralenti mais je continue à doubler des coureurs qui ont choisi l'option marche en montée. Au milieu de cette longue montée, je commence à penser aux premiers, sont-ils déjà arrivés ? Et les premières féminines où sont-elles ? Loin devant ? Ces pensées me permettent d'avancer tranquillement, impossible de monter plus vite, les jambes ou le cœur disent stop, pas plus vite. A quelle vitesse les premiers ont-ils monté ces quatre derniers kilomètres ? Tout ce que je peux dire c'est que la première féminine, Sonia CALIZAYA terminera en 40'15'' et que les deux suivantes qui sont Claudia CORNEJO et Vianca PEREYRA termineront respectivement en 40'21'' et 40'28''. Cela a été serré jusqu'à la fin comme chez les hommes où Reynaldo HUANCA (La Paz) termine en 35'37'' devant Rubén ARANDO en 35'42'' et Ausberto LUCAS en 35'46''. Les trois premiers se tiennent en moins de 10'' sur ce parcours très sélectif, c'est peu, très peu. La bataille pour les deux premières places au classement général va être intense.
Les premiers femme et homme remportent, également, la somme rondelette de presque 1500€ (soit plus de 10 fois le salaire minimum en Bolivie). Les dix premiers femmes et hommes étaient récompensés, le dixième remportant la modique somme de presque 800€. Ces sommes permettent de développer la course à pied, de favoriser les athlètes de haut niveau qui s'entraînent durement et d'attirer les meilleurs athlètes nationaux. Retour à la course, nous sommes donc vers le neuvième kilo, à ce moment là, je reconnaît l'endroit et je sais que le plus dur est fait, j'encourage une féminine en lui disant que l'arrivée est très proche. Léger faux plat montant puis nous tournons à gauche, cela descend et l'arrivée est juste là, sur la gauche, avec le président Evo Morales et le vice-président Alvaro Linera Garcia qui encouragent les coureurs. Au sujet de la féminine que j'avais encouragé, elle m'aura littéralement déposé dans la descente, sans problème, comme si elle pouvait courir encore et encore. En ce qui me concerne, quand j'ai vu la ligne d'arrivée, je me suis dit : ouf, enfin... Sacré entraînement... Temps réalisé : 49'39'' soit 22'04'' pour faire les 4 derniers kilos. Le dénivelé total de la course approche les 220m d+. Pour faire un temps, il faudra attendre le mois de juillet où aura lieu de nouveau ce 10km du Presidente Evo à La Paz. L'objectif en juillet sera de se rapprocher des 40 minutes. Il y a du travail...