Iznik ultra trail, un lac, quatre courses et Manu...
Entre pierres et oliviers, Donald, Mahmut, Manu, Aykut, Zoé, Elena, Pietr, Peter, Oliver, Pierre et Olivier… Le trail d’Iznik, en Turquie, est sans doute aujourd’hui l’une des plus courses à découvrir dans le monde de l’ultra trail. Chapeautée par un passionné, Caner Odabasoglu, son organisation a été reconduite les 19 et 20 avril pour la quatrième année consécutive. Caner court à travers le monde tout au long de l’année. Fort de son expérience, l’homme de cœur a su créer à Iznik l’un des rendez-vous les plus importants du calendrier de courses pédestres turques, quatre courses hors normes, trois ultra-trails de 130, 80 ou 46 kilomètres ou un galop populaire urbain de 10 kilomètres. Le cadre est hors pair. Iznik, en Anatolie, est peut-être plus connue sous son nom antique, Nicée. La ville reste célèbre pour son concile du début de l'histoire de l'Église chrétienne . Elle fut aussi au Moyen Âge la capitale de l'empire du même nom, vestige de l'empire byzantin pendant les croisades. Subsistent autours de la ville cinq kilomètres d’imposants remparts, renforcés d’une centaine de tours, qui rendent les galops dans les douves plus chevaleresques. La ville se situe dans un bassin fertile à l'extrémité orientale d’un lac de 300 km2, entouré par une chaîne de collines culminant à 1000 mètres d’altitude. Là, entre les pierres et les oliviers, s’offre le cadre du jeu. La plus longue course parcourt la circonférence complète du plan d’eau, tantôt sur son rivage, tantôt haletante jusqu’aux sommets qui le surplombent. Les vues panoramiques sont imprenables. Le printemps a déjà posé ses couleurs sur le décor. Bourgeons, abricotiers épars en fleurs, villages ruraux, mosquées, chants récurrents du muezzin, tracteurs minuscules en en plein labeur, culture intensive d’oliviers, le gazouillis des oiseaux, pas de vent, aucune onde à la surface de l’eau. Le calme et pourtant des fourmis dans les jambes. Aucune place aux rêveries bucoliques. Si la nuit reste fraiche, l’ensoleillement réchauffe vite et lourdement l’échine des coureurs. Dès l’aube, le soleil s’invite à la partie et accompagne jusqu’au crépuscule le galop pressé des prétendants. Plus d’un millier de coureurs se sont répartis sur les quatre courses. Aux ténors nationaux de la discipline sont opposés d’autres cadors issus de vingt six pays différents. L’épreuve s’internationalise fortement. Sur l’épreuve reine, la plus longue de 130 km, Mahmut Yavuz le vainqueur des deux premières éditions, espérait bien récupérer le titre échappé l‘année dernière. Le spécialiste turc de l’ultra trail s’était vu ravir en 2014 la première place par l’Anglais Marcus Scotney. Malgré l’absence de Marcus, Mahmut a du une nouvelle fois s’incliner devant un supérieur britannique. Cette année, c’est l’Ecossais Donald Campbell qui a survolé l’épreuve. Parti en tête dès le départ de l’épreuve donné à minuit, Donnie n’a eu de cesse que de créer un écart croissant, laissant au bout de sa course finale (13h23) ses poursuivants turcs affamés et résignés à plus d’une heure. Mahmut est une nouvelle fois second. Son ami Aycut Célibas complète le podium. Chez les féminines, Zoé Salt, plus frêle, s’est montrée bien plus véloce dans les ascensions successives imposées après la mi course. Floating like a butterfly, stinging like a bee. Elle se démarque de l’imposante Bulgare Mariya Nikolova qui lui tenait tête jusque là pour aller ravir la 4ème
place du scrach et couvrir la couronne d’oliviers réservée aux lauréates. Si la manifestation est soutenue par Asics Europe, la marque avait demandé à ses représentants français de défendre ses couleurs. Sur le 80 km, les deux Français Emmanuel Gault et Benoit Girondel (Prononcer en langue locale Ben-Oït) ont vite imposé leur rythme et leur supériorité. Seul l’Anglais Ben Abernoor s’est accroché jusqu’au vingtième kilomètre à leur locomotive infernale. Il paiera d’un cher abandon le prix d’une mise en jambes cadencée à l’excès. Devant, Emmanuel est impérial. Il accélère et décroche le train accroché à ses basques. Sa cavalcade est dominatrice. Beaucoup plus fort, il devance à l’arrivée (6h45) son camarade Benoit de 40 minutes. Chez les dames, l’Italienne Alessia de Matteis devance la championne turco-russe locale Elena Polyakova. La Suisse Coraline Chapatte honore sa première participation à un ultra de cet acabit en s’octroyant la troisième place. Elle est ravie. Sur 42 km, le journaliste athlète espagnol José de Pablo est lui aussi auteur d’un cavalier seul. Le frenchie Benoit Laval, représente sur place sa propre marque d’équipements sportifs raid-light e s’assure le rang du dauphin. La masse populaire s’est débattue le dimanche matin sur 10 km autour des remparts de la ville, enfants compris. Là encore, le représentant Asics-France Franck Bussière saura mettre tout le monde d’accord. Monsieur promène son logo sur les remparts d’Iznik. Il relègue son second, Ali Turan, à 4 minutes et le troisième, Sefa Yaman, à 6 minutes. Démonstration. La fête ne s’est pas arrêtée pas aux podiums qui ont récompensé en kilos d’olives les dignes vainqueurs. Concert et délectations turques. Un accueil chaleureux comme on ne saurait pas réserver chez nous. La Turquie est un charmant pays et l’ultra trail a sa place parmi les plus grands rendez-vous. 2016 est déjà au programme.
Texte : Brice de Singo et d'autres photos en cliquant ICI
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