Zora Ghazouani, une graine de championne !


Un mercredi soir sur la piste d’athlétisme de Blagnac. Le soleil est encore haut dans le ciel. Même si il ne fait pas hyper chaud. Nous sommes au mois de mai. Petit à petit les athlètes débarquent au Blagnac Sporting Club comme attirés par une même envie. C’est l’heure de l’entrainement. Et bientôt la piste sera noire de monde. Entres les sprinteurs, les lanceurs et les demi-fondeurs. Les grands et les petits aussi.

Zora arrive avec son père. Elle a l’air un peu timide du haut de ses 12 ans. Non. Plutôt réservée. Car bientôt elle fait le tour de la maison et salue tout le monde. Tout le monde se connait bien ici et c’est bien normal. C’est une grande famille.

Cela fait un moment déjà qu’Ali Belkacem, bien connu dans le milieu de la course à pied régional, m’a sollicité pour que l’on parle un peu de son athlète fétiche. Mais cela, sans prétention aucune. Zora, c’est tout simplement de la graine de champion et les résultats qu’elle vient de réaliser ces derniers mois parlent d’eux-mêmes. 3’05’’73 sur 1000m et record des Pyrénées benjamines à la clé. L’ancien record était détenu par Karine Mougel (NDLR : on la salue au passage ainsi que David) depuis 1991 !! 7’10’’ sur 2000m. Mais non officiel cette fois… Cela laisse rêveur. Beaucoup de coureurs du dimanche (si l’on peut dire) aimeraient bien en être là.

« J’ai commencé l’athlétisme à l’âge de 7 ans » explique d’entrée Zora. « Mes parents voulaient absolument que je pratique une activité. Et comme je venais de regarder les Jeux Olympiques à la télé, je me suis dit pourquoi pas l’athlé… Je suis allé voir du côté de l’Athlé 632, puisque j’habite à Plaisance du Touch, mais ils ne prennent les enfants qu’à partir de 10 ans. Donc c’est assez naturellement que je me suis retrouvé à Blagnac. »

Pendant deux ans, Zora, comme tous les petits qui débutent dans ce sport, touche un peu à tout. Pas mal de sprint, mais aussi de la hauteur, du lancer. Bref tous les éducatifs pour bien apprendre. Et puis, il y a trois ans maintenant, sa longue silhouette longiligne retient l’attention. Elle ne peut que détonner sur des distances plus longues. Le virage du demi-fond est rapidement pris. Ali va s’occuper d’elle. Sans la presser, sans la stresser. Sans sauter les étapes. Il est expert en ce sens. Il connait son affaire.

« Je ne pouvais pas me tromper. Elle a montré très vite de belles dispositions pour le demi-fond. La question est même à ce jour de savoir plutôt où sont ses limites. Car elle ne s’entraîne pas encore énormément. Deux fois par semaine, tout au plus et elle est déjà impressionnante. Sur 1000m, le record de France est de 2’56’’ dans sa catégorie… Je pense que c’est à sa portée, mais bon il faut aussi savoir si ça vaut vraiment le coup de s’entraîner à fond pour cet objectif unique. Elle est encore jeune… »

Zora fait aussi du piano deux fois par semaine. Sa deuxième passion et suit une scolarité tout à fait normal en 4ème (bientôt) où ses matières préférées restent la physique et la chimie. Bref elle est bien dans ses baskets.

« C’est vrai que j’aimerai bien faire carrière dans l’athlétisme. Je suis une fan de Mehdi Baala et de Bib Thari, mais je pense que j’ai encore du temps avant de savoir ce que je peux vraiment faire. Je rêve de jeux olympiques évidemment. Mais qui n’en rêve pas… »

En tout cas au BSC, elle a pas mal de potes qui ne demandent qu’à l’aider et une attention toute particulière aussi. Elle n’hésite pas d’ailleurs à participer aux différents stages de préparation qui sont organisés. Cap d’Agde, Font Romeu… Cela sert à tisser des liens forts avec le reste du groupe. Elle aime bien des garçons comme Jérôme Bellanca, autre poulain d’Ali qui l’entraîne sur marathon notamment, et lui n’hésite pas à lui transmettre toute sa connaissance de la course ou du même des bribes de son expérience.

Suite à notre rencontre avec Zora, en mai dernier donc, nous avions choisi en accord avec Ali, d’attendre un peu car deux ou trois grosses échéances étaient programmées, notamment deux meetings dans la région, où l’athlète surdouée avait encore quelques possibilités d’améliorer ses marques. Il faudra donc attendre encore un peu pour que les records soient de nouveau battus…

« La plus grosse difficulté pour une compétitrice comme elle, est de trouver les meetings où elle puisse s’exprimer pleinement. « conclut son entraineur. « Car en effet pour que l’on puisse homologuer un record, elle doit courir seulement avec des filles de sa catégorie. Hors pour qu’elle aille plus vite encore, il faudrait au contraire qu’elle puisse s’aligner avec des catégories au-dessus, ou même des garçons… Il faut trouver le juste équilibre entre tous ces éléments… Ce n’est pas facile. »

Une chose est sûre, nous retrouverons Zora cet hiver pour une super saison de cross. L’an dernier, elle avait été jusqu’aux régionaux. Puisqu’il n’y a plus rien au-dessus en benjamines. En 2012, on devrait la retrouver aux championnats de France UNSS… On vous tiendra au courant. Promis !

Texte de Rémy Jégard



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