Le rendez-vous était donné à la plaza San Francisco à 8h. Pour rejoindre cet endroit, j'ai donc pris un trufi, une sorte de taxi collectif qui peut prendre entre 5 et 7 passagers. Une demie-heure avant le départ, il y a déjà beaucoup de monde qui soit s'échauffe, soit qui attend près de la ligne de départ. La presse annonçait 30.000 personnes inscrites, inscription gratuite oblige. Cette course fait partie des 10 courses du « Président Evo » ; sur chacune d'elle, les dix premières femmes et les dix premiers hommes marquent des points pour le classement, qui permettra ensuite eaux deux premiers de chaque catégorie de partir à Sao Paulo (Brésil) pour participer à la prestigieuse course de la Saint Sylvestre du 31 décembre. Sur chacune de ces 10 courses, les dix premiers gagnent également une somme d'argent assez importante pour la Bolivie : d'un peu plus de 1400€ pour le premier à environ 800€ pour le dixième et cette grille de récompense est la même pour les deux sexes. Autant dire que les meilleurs coureurs boliviens sont tous au rendez-vous. Le président de l'État Plurinational de Bolivie, Evo Morales Ayma arrivera 5 minutes avant le départ pour le donner. Il s'agit de la deuxième édition de cette course. Ayant déjà couru la même course en janvier, je pensais observer les progrès, ou pas, sur ce même parcours, mais il y a eu un changement une semaine avant cette course, ce sera donc un nouveau parcours. Sera-t-il plus facile ? Le départ est donné avec deux minutes de retard, autant dire à l'heure. Nous sommes à 3450m d'altitude et les premiers kilomètres sont exclusivement en descente : un peu plus de 3km pour 145m d-, autant dire que cela va vite dès le début, ce qui provoque quelques accidents sur les 300 premiers mètres : chute, croche-pied, perte de chaussure. Bref la totale. Le premier kilomètre sera donc dédié à slalomer entre les coureurs. D'ailleurs, je n'ai pas vu le panneau indiquant le 1er km. J'arrive au 2ème en 8'10'', j'ai donc perdu du temps sur le premier kilo, ce qui se confirme lorsque j'arrive au 3ème, puisque je passe en 11'38''. Mais voilà, il ne me reste que quelques mètres avant de commencer la longue montée qui nous attend, nous sommes à ce moment de la course au plus bas du parcours, soit à 3305m d'altitude. Et là, les choses s'inversent, les secondes, les minutes passent mais pas les kilomètres. Dès le début de la montée commence l'habituel bal des arrêts et des reprises de course, le fractionné en côte version bolivienne. Du coup, je commence à reprendre un grand nombre de coureurs mais ma vitesse n'augmente pas au contraire elle baisse, et sérieusement. Pour preuve, je passe au 5ème km en 22'20'' et puis au 6ème en 26'20''. On arrive bientôt en haut de cette côte longue d'un peu plus de 3km et qui fait 190m+. Nous sommes au point le plus haut de cette course, presque à 3500m d'altitude. Paradoxalement, les jambes vont bien mais je ne peux pas accélérer. Je suis donc sur une sorte de rythme qui convient à mes jambes, à mon cœur mais pas à moi... Est-ce l'altitude, l'entraînement de cette semaine ? Mystère. Après cette longue montée, commence pour moi, la découverte du nouveau parcours. Sincèrement, je pensais qu'après cette longue montée, la suite serait plus clémente. Malheureusement, cela n'a pas été le cas. Sur les 4 derniers kilomètres, eh bien,
au programme, c'est montagnes russes. Juste avant le 7ème km, une petite côte de 10m+ se présente à nous puis une descente, avant de retrouver une nouvelle côte juste après le 8ème. Cette dernière est plus sèche et fait environ 20m+ et évidemment elle est suivie d'une descente dans le même pourcentage que la montée, sèche... puis d'un faux plat qui nous amène au 9ème km, faisant 10m+. Depuis le 6ème km, je ne regarde plus ma montre pour le temps, surprise à l'arrivée, mais je regarde surtout ma montre pour le dénivelé et l'altitude. Sur cette fin de parcours, l'altitude oscille entre 3440 et 3480m. Course en haute altitude. Et que l'on se le dise : sur un 10km à La Paz, il n'y a jamais de plat, bien au contraire. Cela n'empêche pas le vainqueur du jour, Daniel Toroya (Oruro), de boucler ce parcours en 34'42'', une jolie performance, et chez les femmes, la plus rapide aura été Sonia Calizaya (La Paz) en 41'12'', tout de même... Pendant ce temps, les sensations sont bonnes sauf que je ne peux toujours pas accélérer. C'est peut-être un mal pour un bien comme aurait dit ma grand-mère. Au niveau du 9ème km, je pensais en avoir terminé avec les montées. Erreur, une petite dernière, de 20m+, juste avant de plonger, c'est relatif car il restait encore 500m de descente avant de franchir la ligne d'arrivée où le Président Evo Morales Ayma attendait les coureurs, à la plaza San Francisco. Résultat des courses : 10km accompagné de 250m+ pour un temps de 46'14''. Le sentiment oscille entre satisfaction d'avoir amélioré mon temps sur un parcours plus difficile avec plus de dénivelé, et mécontentement car je suis au-dessus des 45' et encore loin des 40' que j'atteindrai un jour. Promis. Mais l'essentiel était avant tout de faire une petite sortie urbaine avant l'un des objectifs de la saison qui aura lieu le 10 août dans les Yungas (département de La Paz) pour la Skyrace : 28km de montée pour 1800m+ (de 1200m à 3000m d'altitude).