La Skyrace de Bolivie par François Croci !


En ce dimanche 10 août 2014 avait lieu la 3ème édition de la Skyrace. C'est une course uniquement en côte : 28km et 1800m+ exclusivement sur une route caillouteuse qui est appelée, el camino de la muerte  (le chemin de la mort) car de nombreuses personnes sont mortes sur cette route qui reliait la région des Yungas à La Paz. Cette route était très fréquentée jusqu'en 2005, année où une route asphaltée fut construite pour remplacer ce camino . Ce chemin de la mort était très dangereux, surtout pendant la saison des pluies. La Skyrace était donc limitée à 210 participants avec une minorité d'étrangers : Norvégiens, Allemands, Espagnols, Japonais, Français...  La journée a commencé à 4h du matin où un bus devait nous prendre depuis La Paz pour nous amener à Yolosa (Yungas). Il est arrivé avec un peu plus de 20 minutes de retard. On aura donc attendu tout ce temps dans le froid. Ensuite, nous avons mis beaucoup de temps pour rejoindre le point de départ de la course. Le départ était prévu à 8h et notre bus est arrivé à 8h. La grande majorité des concurrents nous attendait. Normalement, il était prévu de prendre un petit déjeuner, au lieu de cela, alors que l'on venait juste d'arriver, on nous annonce que nous avons 15' pour nous préparer avant de rejoindre la ligne de départ. Le petit déjeuner est donc passé à la trappe. Avec deux amis, nous arrivons sur la ligne de départ où on nous informe que le départ sera donné dans 10 minutes. Nous avons juste le temps de nous échauffer un peu et le départ est donné. J'ai de bonnes sensations dès le départ, ce qui est étrange car j'ai été malade pendant 10 jours, 10 jours avant la course, je n'ai pas pu m'entraîner comme je le souhaitais et j'avais peur de ne pas tenir la distance. En tout cas le paysage est magnifique : végétation luxuriante, bananiers, champs de coca, maisons en torchis et le soleil qui commence à se manifester alors qu'il n'est pas encore 9h. Cela annonce une matinée chaude. J'arrive au 6ème km en 38' et je suis dans les 10 premiers. Un coureur est parti seul en tête quasiment dès le début de la course, un norvégien, sera-t-il le vainqueur de cette course ? Je commence à me dire que peut-être ces 10 jours de maladie auront été bénéfiques. Je passe au 10ème km en 57', je suis toujours bien et le paysage devient plus sauvage car il n'y a presque plus d'habitations et de champs. Les positions semblent être maintenues.  Vers le 12ème, je commence à ressentir une petite baisse peut-être due à l'absence de petit déjeuner, et je commence à me faire doubler par quelques coureurs. Avant le 15ème km, point stratégique de la course, on m'annonce 25ème. A ce moment, je me dis que je vais m'arrêter au 15ème km car je commence à trop subir la course. Le 15ème km est la première étape de la course. Il était possible de faire soit le 15km et 800m+ soit le 28km et ses 1800m+. J'hésite, j'hésite et finalement je passe ce 15ème km en me disant que je dois finir ce 28km, à ce moment là de la course je suis en 1h34, donc pas trop mal même si les muscles et le souffle souffrent. 2Km après le 15ème km, on m'annonce 22ème, je ne comprends pas. Abandon ou arrêt au 15ème de quelques concurrents... C'est vers le 18ème km que le calvaire va véritablement commencer. En fait, la deuxième partie de la course est la plus dure : 13km pour 1000m+ avec ce soleil omniprésent et l'ombre très rare. Je commence à marcher , j'en profite pour prendre quelques photos tellement la végétation qui nous entoure est magnifique. Quand je suis rattrapé par un concurrent, j'essaye de le suivre en courant mais une centaine de mètres plus loin je recommence à marcher. Je n'ai plus de force. Et je me dis que j'aurais dû m'arrêter au 15ème mais une fois lancé, il ne reste plus qu'à terminer. Heureusement, vers le 20ème km, un ami, Robin, me rejoint et nous allons finir la course ensemble. Une autre course commence. Le mental revient petit à petit et cela devient presque un plaisir de souffrir pour terminer cette course, car je ne suis pas seul et que cela fait du bien de parler pour faire passer le temps. Nous arrivons au 22ème km en 3H11'. On marche principalement. On constate que l'on va aussi vite que ceux qui ont encore la force de courir. On profite du paysage qui est toujours aussi splendide, grandiose, vert, tropical et sauvage. Nous passons sous des filets d'eau, de petites cascades, ce qui rafraichit un peu le corps qui commence à être en surchauffe. Nous continuons notre chemin mais que les derniers kilomètres passent lentement, très lentement.  Nous apercevons, enfin l'arrivée, en haut, il doit rester 1km et 100m+. Tout les concurrents marchent. Nous franchissons la ligne d'arrivée en moins de 4h. 3H59'22'' et 3h59'38''... Nous finirons à la 41 et 42ème chez les hommes sur 112 arrivants et au classement général, nous sommes 46 et 47ème sur 140. Une bonne quarantaine de concurrents sont soit arrivés hors délai (plus de 6 heures), soit ils ont abandonné. Et le reste était sur le 15km. Le premier homme n'est pas le norvégien, Asser Nielsen, qui finira deuxième en 2h39'01' et qui vaut 2h30' au marathon mais un bolivien, Franklin Quiroz, qui va gagner cette Skyrace en 2h37'04''. Le troisième est un autre bolivien, Salvador Bustillos en 2h52'20''. Chez les femmes, c'est Karoline Kaasa, une norvégienne qui gagne en 3h35'44''. Elle est suivie de deux boliviennes : Mabel Chura et Pilar Gonzalez qui réaliseront respectivement : 3h38'55'' et 3h43'08''. Comme souvent deux sentiments s'entrechoquent, d'une part déçu du temps mis pour cette course qui était un de mes objectifs de l'année et d'autre part heureux d'en finir, d'avoir participé à cet évènement et de terminer cette course pas vraiment roulante, comme on pourrait l'imaginer. Je continue donc ma découverte des courses boliviennes et que l'apprentissage est dur! Le corps est exténué et la tête dit plus jamais, c'est trop. Et étrangement, une bonne demie-heure plus tard après avoir passé la ligne d'arrivée, on commence à penser à revenir l'année prochaine pour tenter d'améliorer son temps...



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